Chaque année, l’annonce de l’augmentation du coût des primes d’assurance-maladie provoque un tollé en Suisse. En 2023, cette hausse a été drastique : +6.6% pour les résidents et +6.3% pour les frontaliers. L’augmentation des primes pour 2024 n’a pas encore été annoncée mais elle pourrait bien être équivalente.
La dernière idée du Conseil fédéral pour contenir cette hausse ? Faire passer à la caisse les frontaliers.
En effet, le 9 juin 2023, le Conseil fédéral a déposé une proposition de réforme de la loi sur l’assurance-maladie obligatoire (LAMal) au Parlement.
Sommaire :
- Une hausse drastique des primes pour les frontaliers
- Les gagnants et les perdants de cette réforme ?
- Le choix financier entre LAMal et CMU
- Le choix médical entre LAMal et CMU
- Où en est ce projet ?
Une hausse drastique des primes pour les frontaliers
Cette proposition de réforme vise à inclure les assurés résidants à l’étranger dans le mécanisme de compensation des risques. Pour le dire plus simplement, les “assurés résidants à l’étranger” sont principalement les frontaliers qui vivent en France ou en Allemagne.
Le mécanisme de compensation des risques, c’est un système de redevance entre les caisses d’assurance-maladie. Historiquement, ce mécanisme a été mis en place pour éviter que les caisses d’assurance-maladie ne cherchent à affilier que des personnes en bonne santé pour réduire leurs remboursements et donc augmenter leur rentabilité.
Il s’agit donc d’un mécanisme de solidarité où les caisses qui ont des assurés en bonne santé doivent reverser une redevance aux caisses qui ont des assurés en moins bonne santé. Or, jusqu’à aujourd’hui, les frontaliers n’étaient pas pris en compte lors du calcul des risques. Les frontaliers sont très majoritairement jeunes et en bonne santé. Ces éléments expliquent le faible coût de leur prime d’assurance-maladie LAMal.
L’idée du Conseil fédéral est d’inclure cette population dans le calcul du mécanisme de solidarité. Les caisses qui ont beaucoup de frontaliers vont donc voir leur “profil moyen” devenir plus jeune et en bonne santé. Ces caisses devront donc verser des redevances aux autres caisses. Cette augmentation des coûts pour les assureurs va être répercutée sur le coût des primes pour les frontaliers.
Les gagnants et les perdants de cette réforme ?
Cette mesure profitera aux résidents des cantons qui ont beaucoup de frontaliers. C’est-à-dire : Genève et Bâle-Ville. Les grands perdants seront bien entendu les frontaliers.
On estime que les primes pour frontaliers pourraient augmenter de +62%, ce qui ferait baisser les primes des résidents genevois et bâlois de -2.2% environ. Pour le dire autrement, le coût des primes des frontaliers risque d’augmenter de +129 CHF par mois en 2024 pour que les primes d’assurance-maladie des résidents genevois baissent d’environ 14 CHF par mois seulement.
Néanmoins, les frontaliers paieront l’assurance LAMal toujours moins que les résidents à Genève ou à Bâle. Rappelons que leur demande en prestation médicale est bien moins importante que celle des résidents. Alors, réajustement ou injustice ?
Le choix financier entre LAMal et CMU
Dès lors, comment ces nouvelles règles impactent-elles le choix entre CMU et LAMal ? Il va sans dire que même en augmentant les primes frontaliers de 129 CHF, la LAMal frontalier reste bien moins chère que l’assurance-maladie obligatoire des résidents.
Le comparateur CMU-LAMal d’Helvicare nous permet de déterminer le salaire à partir duquel il est conseillé d’opter pour une LAMal frontalier. En 2023, quand votre salaire est supérieur à 3’000 CHF, vous payez moins cher une affiliation à la LAMal frontalier plutôt qu’à la CMU.
Si la réforme du Conseil fédéral est acceptée, ce sont les frontaliers avec un salaire supérieur à 4’550 CHF qui paieront moins cher à la LAMal frontalier par rapport à la CMU française.
Ainsi, si votre salaire se situe entre 3’000 CHF et 4’500 CHF, votre situation mérite une réflexion approfondie. N’oubliez pas de prendre en considération vos futures augmentations de salaire car le choix entre la LAMal et la CMU est définitif.
Le choix médical entre LAMal et CMU
La pénurie de médecins en France voisine est une réalité. Les habitants des villes comme Annecy, Mulhouse, Annemasse n’ont pas de difficultés pour se faire soigner. Ailleurs, des frontaliers habitent dans de véritables déserts médicaux. Pour ces frontaliers, choisir LAMal permet d’éviter la pénurie de soignants en France.
En effet, la CMU ne vous donne accès qu’aux soins en France alors que la LAMal frontalier vous ouvre l’accès aux prestations médicales en Suisse ET en France.
Où en est ce projet ?
Ce projet de révision de la loi sur l’assurance-maladie obligatoire (LAMal) vient d’être déposé au Parlement par le Conseil fédéral. Tout dépend maintenant du parcours parlementaire de ce texte.
Si vous souhaitez en savoir plus, suivre l’évolution du projet et poser des questions, n’hésitez pas à intervenir sur le fil de discussion du Forum Suisse Résidents et Frontaliers dédié à ce sujet.
Bonsoir,
J’allais posté cet article
Actuellement la différence entre les primes des résidents et des frontaliers est tellement grande que cela me paraît logique même si ça va faire mal au portefeuille.
Pour un résident c’est 335. CHF
Le gap entre résident et frontalier est en effet important.
Cependant, il me semblait que le montant de la prime pour les frontaliers était calculé en fonction de « l’utilisation » faite des frontaliers du système maladie Suisse : les frontaliers, pour la plupart actif d’ailleurs comme le précise l’article de 20 minutes, ne consultent pas autant les médecins Suisse que les résidents.
salut
j’ai posté sur le topic "que choisir entre la lamal et cmu le texte ci-dessous
Vers une importante hausse des primes LAMal en 2024?
De l’ordre de 150 à 200 francs suisses par mois, les cotisations LAMal des frontaliers pourraient bien connaître une augmentation significative dès 2024. Inversement, celles des Genevois seraient revues à la baisse.
« Un projet de loi est en cours, nous écrit le service de l’assurance-maladie du canton de Genève. Il vise a priori à établir un certain équilibre entre les primes pratiquées par les assurances sur le marché français. » On ne sait toutefois pas pour l’heure s’il s’agira d’un alignement à la baisse, à la hausse ou d’une moyenne.
Quant aux légères augmentations pour 2023, elles sont dues « aux coûts de la santé ainsi qu’à la hausse de la consommation des soins. »
info ou infox?
Bonjour,
Les primes d’assurances maladies devraient augmenter entre 6% et 10% en 2024.
La baisse pour les résidents, ferait que l’augmentation pour eux serait entre 4% et 8%
La baisse des primes et l’augmentation sont distinctes.
Bonne journée
Bonjour,
En effet, le 9 juin 2023, le Conseil fédéral a déposé une proposition de réforme de la loi sur l’assurance-maladie (LAMal) au Parlement.
L’idée générale est d’inclure les frontaliers dans le mécanisme de compensation des risques . Nous venons de publier un article « Les primes frontaliers s’envolent pour alléger le budget des genevois » pour bien comprendre ce projet de révision et ses conséquences.
Bonne lecture !
Le principe de solidarité du conseil fédéral c’est de dire que tous les retraités qui ont opté pour la Lamal frontalier se retrouvent piégés par cette hausse et vont passer à la caisse pour couvrir les risques des autres. Sachez que cette hausse représente un montant de 35 000 francs sur un calcul de retraite avec une espérance de vie de 23 ans.
Vous parlez de retraité vivant en France ?
Vous n’auriez aucune option de repasser à la cmu dans le cas où vous n’auriez plus de revenu du travail en chf ?