Lorsque l’on débute un premier emploi en Suisse en tant que salarié ou en tant qu’indépendant, il faut se familiariser avec son système d’assurances sociales.
Immédiatement, le nouveau frontalier devra se pencher sur les questions d’assurance maladie et d’assurance accident.
Oubliez le modèle français !
Côté français, pour le salarié, le schéma est simple car l’assurance accident et maladie est gérée par un interlocuteur unique : la CPAM (Sécurité Sociale). En cas d’accident et d’arrêt maladie, c’est elle qui :
- rembourse les frais de soins
- paye les indemnités journalières en remplacement du salaire
L’inscription auprès de la CPAM est effectuée par l’employeur, le salarié ne s’occupe de rien.
Appropriez-vous le modèle suisse !
Côté suisse, c’est plus complexe car les branches d’assurance accident et maladie sont séparées et les obligations d’assurance se répartissent entre l’employeur et le salarié.
A la charge du salarié et de l’indépendant : l’assurance maladie
En Suisse, l’inscription à l’assurance maladie est de la responsabilité du salarié et de l’indépendant. A partir du 1er jour de travail, il dispose d’un délai de 3 mois pour choisir son système d’assurance maladie et finaliser son affiliation : LAMal ou CMU. Il payera seul l’intégralité de la prime d’assurance. Pour comparer les prix LAMal et CMU, cliquez ici.
Pour les frontaliers l’assurance maladie se limite à fournir une prestation unique : rembourser les soins liés à une maladie, elle ne fournit aucune prestation de maintien de salaire en cas d’arrêt de travail.
A la charge de l’employeur : la couverture accident des salariés
En Suisse, la LAA (Loi sur l’Assurance Accident) et l’article 324a du Code des Obligations soumettent les employeurs aux obligations suivantes:
- couvrir les accidents professionnels, les maladies professionnelles et les accidents non professionnels des salariés qui travaillent 8h ou plus par semaine.
- Couvrir uniquement les accidents et maladies professionnels de ceux qui travaillent moins de 8h par semaine
- prendre en charge le maintien du salaire en cas d’incapacité de travail pour cause d’accident
Fonctionnement de la LAA (Loi sur l’Assurance Accident)
L’ employeur souscrit un contrat collectif d’assurance accident pour remplir ses obligations vis à vis de ses employés.
L’employeur doit, au minimum, prendre en charge la part de la prime liée aux accidents et maladies professionnels. La part relative à l’accident privé (non professionnel) est payée par l’employé. Elle est prélevée par une cotisation sur sa fiche de paye.
Ce contrat offre à l’employé 4 types de prestations :
- la prise en charge à 100 % des frais de guérison.
- à partir du 3ème jour d’arrêt de travail, le versement d’une indemnité journalière égale à 80% du salaire assuré (indemnité versée jusqu’à reprise du travail ou mise en invalidité).
- en cas d’invalidité permanente, le versement d’une rente proportionnelle au degré d’invalidité (de 10% à 100 %).
- en cas de décès avant la retraite, le versement d’une rente de veuve / veuf égale à 40 % du salaire assuré, accompagnée d’une rente d’orphelin égale à 15 % du salaire assuré. La somme des rentes de survivants ne peut pas dépasser 70 % de l’ancien salaire.
La loi prévoit que le salaire maximum assuré est de 148 200 CHF.
A la charge de l’employeur : maintien du salaire de ses salariés
En Suisse, l’article 324a du Code des Obligations (CO) oblige l’employeur à prendre en charge le maintien du salaire en cas d’incapacité de travail
Pour remplir cette obligation en cas de maladie, l’employeur dispose de 2 possibilités :
- prendre en charge lui-même le maintien du salaire selon les modalités définies par l’échelle Bernoise (ou autre échelle cantonale)
- souscrire un contrat d’assurance collectif IJM (indemnité journalière maladie)
L’échelle Bernoise :
L’échelle Bernoise constitue le minimum légal auquel aucun employeur ne peut déroger. Elle prévoit que la durée du maintien de salaire est proportionnelle à l’ancienneté dans l’entreprise.
Année de service | Versement du salaire |
---|---|
durant la 1ère année de service | 3 semaines |
durant la 2ème année de service | 1 mois |
de la 3ème à la 4ème année de service | 2 mois |
de la 5ème à la 9ème année de service | 3 mois |
dés la 10ème année de service | 4 mois |
dés la 15ème année de service | 5 mois |
dés la 20ème année de service | 6 mois |
dés la 25ème année de service | 7 mois |
dés la 30ème année de service | 8 mois |
dés la 35ème année de service | 9 mois |
Dans la pratique, elle est peu utilisée par les entreprises, car la durée d’indemnisation est courte, elle place rapidement le salarié malade en situation de précarité.
Le contrat collectif IJM (indemnité journalière maladie) :
Dans la pratique, l’assurance collective IJM est la solution le plus souvent retenue par les entreprises. Pour que l’assurance IJM puisse se substituer à l’échelle Bernoise, elle doit au minimum :
- verser 80% du salaire brut dès le 2 ou le 3ème jour consécutif d’incapacité de travail
- maintenir ce versement durant 720 ou 730 jours au cours d’une période de 900 jours
- de plus, l’employeur doit verser l’intégralité du salaire pendant les 2 ou 3 jours du délai de carence de l’assurance IJM
Si vous êtes indépendant, les règles sont différentes !
L’indépendant frontalier qui débute son activité en Suisse n’est soumis qu’à deux obligations en matière d’assurances sociales, il doit :
- souscrire une assurance maladie pour rembourser ses frais de soins en cas de maladie, pour cela, il doit choisir entre la CMU et la LAMal. Pour comparer les prix LAMal et CMU, cliquez ici.
- souscrire une assurance pour rembourser ses frais de soins en cas d’accident
Mais attention, pour l’indépendant, le choix du système d’assurance maladie impacte de facto les possibilités de couverture en matière d’accident.
En effet, l’indépendant qui choisit la LAMal sera d’office couvert pour la maladie et l’accident. Dans ce cadre, le coût de la couverture accident est très faible : 24 CHF / mois chez l’assureur le moins du marché.
En revanche, le frontalier qui choisit la CMU ne pourra pas rajouter la couverture accident sur cette dernière. Dans ce cas, pour remplir son obligation de couverture accident, il n’aura d’autre possibilité que de souscrire une LAA facultative rendue obligatoire par son choix de la CMU.
Or, la LAA facultative offre sans paramétrage possible une couverture bien plus vaste que le simple remboursement des soins consécutifs à un accident. En effet, la LAA facultative couvre également : l’invalidité, la perte de gain et les rentes aux survivants en cas de décès. Ces prestations supplémentaires ont un coût qui vient s’ajouter à celui de la cotisation CMU.
L’avantage LAMal
Dans cette configuration de « choix à tiroir », il apparaît clairement que pour l’indépendant, la combinaison CMU + LAA facultative représente rarement le bon choix aussi bien à court terme qu’à long terme. Cela sera d’autan plus vrai en cas de forte hausse des revenus car la cotisation CMU augmentera en même temps qu’eux.
D’un point de vue financier, il est préférable dans la majorité des cas pour l’indépendant d’opter pour la LAMal. Cela lui permet :
- au départ d’ajouter l’option accident à son contrat pour un coût minime si ses revenus sont peu élevés (fréquent en début d’activité)
- au contraire de souscrire immédiatement la LAMal sans accident mais avec une LAA facultative en complément si ses revenus le lui permettent, il retrouve un excellent niveau de couverture
- enfin, de commencer avec la première option puis « upgrader » vers la second lorsque ses revenus ont augmenté et sont stabilisés
Les indemnités journalières maladie
Par ailleurs, l’indépendant frontalier n’est pas obligé de souscrire aux IJM (indemnités journalières maladie) pour maintenir son revenu en cas de maladie
Au final, nous constatons un écart significatif de protection sociale entre salariés et indépendants. Cet écart doit inciter le salarié qui veut devenir indépendant à :
- ne pas considérer l’absence d’obligation d’assurance comme une opportunité pour faire des économies
- affiner le volet financier de son projet : estimer précisément son revenu prévisionnel, définir le minimum de ressources nécessaires pour couvrir ses charges fixes, définir le montant à faire verser à ses proches en cas de décès
- couvrir ces besoins avec des assurances adaptées
Avec les assurances facultatives LAA et IJM et un choix judicieux de l’assurance maladie, les indépendants peuvent se garantir le même niveau de couverture que les salariés. Le coût de ces assurances est proportionnel au montant du salaire prévisionnel calculé. Ce coût est cohérent avec les charges sociales déduites de la fiche de paye d’un salarié. Il n’y a donc pas de mauvaise surprise à attendre.
Les démarches
Ces sujets ne sont pas simples, de l’expérience est nécessaire pour prendre les bonnes décisions.
Quelle que soit votre situation, salarié ou indépendant et quels que soient vos besoins: assurance maladie, LAA facultative ou IJM, n’hésitez pas à contacter notre partenaire Helvicare qui vous conseillera pour faire les meilleurs choix et vous accompagnera tout au long des démarches administratives entre la Suisse et la France.
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