A l’heure de la rentrée des classes et du retour au bureau, il est temps de se demander comment se porte le marché du travail en Suisse. C’est ce que nous aide à comprendre le S.E.C.O ( Secrétariat d’Etat à l’Economie ) qui vient de publier les chiffres du chômage en Suisse pour août 2015.
136’983, c’est le nombre d’inscrits aux offices de placement à la fin du mois d’août 2015 soit 3’229 inscrits de plus que le mois précédent et 8’549 inscrits de plus qu’en juillet 2014 (+6,7%).
Mais qu’en est-il des frontaliers ?
Des éléments manquent au tableau … mais la dernière remontée de l’Euro est-elle le signal d’une future amélioration ?
Le chômage par lieu de résidence
Sur la carte des cantons publiée par SECO on constate que les cantons où le taux de chômage est le plus important sont ceux situés en zone frontalière avec la France à savoir : le Jura, Neuchâtel, Vaud et Genève (taux de chômage supérieur à 4%).
Suivent ensuite le canton de Valais, Tessin et Zurich ( taux de chômage entre 3,1 et 4%).
Quel est le chômage frontalier ?
Comme nous n’avons pas trouvé de statistiques de Pôle emploi en France suffisamment détaillées pour suivre l’évolution du nombre de chômeurs frontaliers qui sont indemnisés en France, il est difficile d’estimer le taux de chômage du « bassin d’emploi » représenté par ces cantons suisses.
En effet, le chômage réel de ces bassins d’emploi c’est le nombre de chômeurs indigènes (résidents en Suisse) + le nombre de chômeurs frontaliers qui ont perdu leur travail en Suisse.
Mais les chiffres manquent…
Merci au lecteur qui aurait localisé ces chiffres de les partager dans la zone commentaire. Ceci nous permettra de construire une analyse plus précise et réelle sur la santé du marché du travail dans les cantons frontaliers.
Cela permettrai d’identifier si les frontaliers jouent le rôle de variable d’ajustement pour les entreprises de ces cantons. D’ailleurs, cela pourrait remettre sur la table la question de la rétrocession suisse des premiers mois d’allocation chômage versés par la France.
Cette rétrocession n’est plus versée depuis 2009 et la France ne la demande pas.
Ouvrir ce dossier peut reposer la question d’une indemnisation des chômeurs frontaliers sur le mode suisse (plus d’indemnités mais moins longtemps) et d’un support cantonal pour retrouver un emploi.
Vue par secteur
Les secteurs les plus touchés sont : le commerce, l’entretien et la réparation automobile (21’046 inscrits) dont le commerce de détails ( 10’203 inscrits), l’hôtellerie et la restauration (11’114 inscrits), suivis par le secteur du bâtiment et du génie civil (10’505 inscrits).
Les effets du franc fort jouent à plein pour le commerce car des consommateurs suisses s’adonnent au « tourisme d’achat », il achètent en France en euro afin de gagner en pouvoir d’achat. Un gain pour le client et une perte pour le secteur qui se trouve contraint de licencier.
Pareil pour le secteur de l’horlogerie ( +37% d’inscrits/ août 2014), ainsi que la fabrication de machines (+22% d’inscrits/août 2014).
De manière plus générale, on assiste à des repositionnements d’activité. L’informatique (+11% d’inscrits/ août 2014), subit les effet de « l’offshoring/nearshoring » qui déplace des activités hors de Suisse. Pour la chimie ( + 8,4% d’inscrits /août 2014), s’agit-il du résultat de démarches lourdes d’optimisation des coûts ?
Pour le secteur de la banque la réduction du nombre de chômeurs -3,6% surprend alors que le secteur semble avoir beaucoup licencié depuis un an. Cette embellie est peut être l’effet de démarches « d’outplacement » (accompagnement à retrouver un emploi) efficaces.
Par tranche d’âge
Concernant la tranche d’âge des jeunes de 15 à 24 ans on peut noter 3’377 inscrits de plus que le mois précédent soit une augmentation de 19,7%. Un chiffre qui peut s’expliquer par la variation saisonière de la période estivale. Ce qui est préoccupant c’est l’augmentation de 6,4% par rapport à l’année précédente.
De même, le taux de chômage des 50 ans et plus a augmenté de 7,2% par rapport à août 2014.
Le temps des bonnes nouvelles ?
Enfin, bien que les chiffres soient en augmentation, le taux de chômage suisse reste nettement inférieur au taux de chômage français qui s’élève à 10% au second semestre, alors que le débat commence sur le code du travail français et les rigidités de son marché.
Pour finir, on note la tendance à l’affaiblissement du franc face à l’euro.
On vient de passer au dessus des 1,10 CHF pour 1 EUR, chose qu’on avait pas vu depuis le 15 janvier et la fin du taux plancher décidé par la BNS.
Une aubaine certaine pour les industries suisses exportatrices si cette tendance se maintient, et par ricochet une bonne nouvelle pour l’emploi en Suisse.
Très intéressant ! Bravo !
Concernant le taux de chômage je pense malgré tout qu’on ne peut pas parler de panique ou de crise tant que nos pires chiffres se situent légèrement au dessus de 4% de chômage.
La Suisse est dynamique selon moi, elle profite de sa petite taille pour réagir intelligemment au marché, notamment avec sa monnaie.
Enfin…croisons les doigts