Le Tessin est un canton italophone très apprécié pour sa météo méridionale et sa topographie entre lacs et montagnes (lac de Lugano, lac Maggiore, arc alpin sud).
Ses villes comme Lugano, Bellinzona ou Chiasso font penser en été à la Riviera italienne.
Le Tessin offre également de nombreuses opportunités de travail et la place de Lugano déploie une certaine activité bancaire.
Mais des sentiments anti-frontaliers s’affichent également dans le Tessin.
Localisation
A l’est de la Suisse et aux portes de l’Italie, le Tessin est très bien relié par un réseau autoroutier et ferroviaire au reste de la Suisse.
En train
De Bâle, il faut compter environ 3H30.
De Genève, il faut compter environ 5H30.
En voiture
L’autoroute A2 traverse les Alpes par le Gothard.
Le Tessin et son phénomène « frontalier »
Ce n’est pas nouveau et il ne faut pas le cacher, les frontaliers du Tessin n’ont pas toujours la vie facile.
La raison est simple: c’est le canton avec le flux de frontaliers le plus important de Suisse.
Depuis l‘accord sur la libre circulation des personnes en 2002, le nombre de frontaliers a quasiment doublé.
On parle d’environ 33 000 frontaliers en 2002 et environ 60 000 fin 2014.
Par comparaison à Bâle, le nombre de frontaliers n’a augmenté que de 7 000 personnes en moyenne en dix ans.
Un actif sur 4 est un frontalier… c’est quand même pas mal pour 325 000 habitants.
Qui sont les frontaliers du Tessin?
En raison de la proximité de l’Italie, le nombre de frontaliers français est minime avec en moyenne 90 % de frontaliers venant d’Italie.
Les secteurs qui recrutent
Le marché du travail frontalier se partage aujourd’hui essentiellement le secteur du tourisme, le bâtiment et la santé publique.
C’est une évolution importante car au départ, les frontaliers du Tessin occupaient pour la majorité d’entre eux des postes pénibles.
La tertiarisation des emplois des frontaliers tessinois est une réalité pour la moitié d’entre eux.
Ils sont présents dans les banques, les assurances, l’administration publique….
« Les jeunes frontaliers… »
Les apprentis frontaliers tentent également leur chance du côté suisse avec 10% des apprentis d’origine italienne.
Ils sont 700 à passer la frontière chaque matin..
« La voiture…toujours la voiture »
Comme à Genève ou à Bâle, la vie quotidienne du frontalier n’est pas toujours facile avec les bouchons aux postes de douane aux heures de pointe.
Les postes de douane italiens du Gaggiolo ou Valico di ponte Tresa en sont emblématiques.
Chers touristes, à éviter donc aux heures de pointe 🙂
L’hôpital de Lugano, un gros employeur de frontaliers
Avec environ 27% des infirmières et 11 % des médecins venant de l’autre côté de la frontière, l’Hôpital de Lugano est un exemple de modèle de coopération transfrontalière qui marche…
….au service de la population suisse et étrangère.
Pour Piero Luraschi, DRH de l’hôpital, sans les frontaliers, il faudrait fermer l’hôpital ou réduire de 30% les prestations.
Qu’est-ce qui est reproché aux frontaliers du Tessin?
Pour certains, beaucoup d’arguments jouent en leur défaveur.
Mais comme nous rassure Paola Solca, la responsable du centre de recherche sur les migrations à la Haute ecole spécialisè de la Suisse, « l’identité suisse s’est souvent construite par négation envers celle de ses voisins »...
D’abord, vient l’argument du travail
Le Tessin connait un taux de chômage de 4,6% supérieur à la moyenne nationale de 3.1 %.
Les frontaliers ne concurrencent plus aujourd’hui que les 25% de main d’oeuvre étrangère résidente pour les postes pénibles, mais également les nationaux qualifiés.
Pour le Redacteur en chef du « corriere dil Ticino » : quand les banques se sont mis à embaucher des frontaliers, l’hostilité envers les frontaliers a augmenté et ce d’autant plus que les banques sont le secteur de prestige par excellence des tessinois.
Le dumping salarial pratiqué dans le Tessin n’est pas un secret.
Les témoignages dans une émission télévisée Falo de la TSI ont fait état de salaires payés moitié-prix.
Un chef d’entreprise M. Ochsner, dans le domaine des travaux publics de Lugano a déclaré en janvier 2014 avoir dû licencier ses employés pour recruter des frontaliers…
Ensuite, vient l’argument du renchérissement des logements
Qui dit forte attractivité dit forcément hausse des prix immobiliers, un argument de poids comme on peut le constater dans d’autres cantons comme Genève.
Puis, celui des bouchons quotidiens avec le problème de bruit et de pollution
Surtout pour les petits villages traversés par les véhicules frontaliers chaque matin, comme celui de Ligorneto, le village du sculpteur Vela qui est protégé par l’inventaire fédéral ISOS.
Le maire M. Pina craint des problèmes de sécurité pour son village qui n’est pas adapté à accueillir un tel traffic.
Quelles sont les mesures qui ont été prises au Tessin en défaveur des frontaliers?
Plusieurs décisions sont ou projettent d’être prises pour freiner le « mouvement frontalier » ou trouver des solutions pour améliorer la cohabitation.
- Depuis décembre 2013, les postes de fonctionnaires de l’administration ne seront occupés par un frontalier que si aucune personne inscrite au chômage ne correspond au profil.
- Suite au vote sur « l’immigration massive« , le Grand conseil tessinois a demandé l’octroi d’un statut spécial au canton exigeant des mesures pour les régions souffrants des conséquences de la libre circulation des personnes.
- On parle de pousser les maires à favoriser les transports en commun sur leurs Communes au risque de devoir payer des amendes.
- L’UDC a lancé une pétition pour sortir des accords de Schengen (18 février)
- Le Parlement tessinois a contesté dernièrement dans une lettre ouverte très médiatisée le 9ème rapport publié par le Secrétariat d’Etat à l’ Economie (SECO) qui concluait sur les bienfaits de la libre circulation des personnes.
Quel est le parti qui médiatise le sentiment anti-frontaliers?
L’UDC, l’Union Démocratique du Centre ou la droite populiste, est connu pour ses affiches clairement « anti frontaliers ».
Jugez-en par vous même avec leur campagne publicitaire de 2010.
La Regio Luganensis aime ses frontaliers
La Regio Luganensis s’étend du côté suisse et italien, autour de Lugano et Milan pour former un triangle.
Selon les sondages dans cette région, les frontaliers et la Suisse ont tissé des liens professionnels, sociaux et amicaux qui s’expliquent par 40 années de travail frontalier.
Cette région salue le travail des frontaliers et le juge nécessaire, n’y a-t-il pas des similitudes avec le Grand Genève ?