Les coûts de la santé à Genève ont augmenté de 1,8% en 2011 à Genève.
Ce constat a récemment été dévoilé par le Département des affaires régionales, de l’économie et de la santé (Dares).
Cette hausse de coût se justifierait en partie par la levée de la clause du besoin qui limitait l’ouverture de cabinets médicaux.
Cette mesure qui avait été mise en œuvre en juillet 2002 et qui limitait le nombre de nouveaux médecins installés, était sensée laisser le temps de trouver une solution à la hausse des dépenses de santé.
Elle avait pour but de faire face à un hypothétique afflux massif de médecins européens suites aux accords bilatéraux en conséquence à une forte augmentation de la consommation médicale. Ella a finalement été entièrement levée le 1er janvier dernier.
Explosion du nombre de cabinets médicaux
L’explosion du nombre de cabinets médicaux préoccupe les acteurs de la santé, mais plus encore l’installation des médecins étrangers qui se mettent à leur compte en Suisse.
Le Département de la santé prévoit qu’avec la levée de la clause du besoin et l’arrivée de 192 médecins supplémentaires, l’augmentation des dépenses des assurés genevois devraient encore s’accentuer.
La Fédération des Médecins Suisses (FMH) met également le doigt sur un autre problème : celui du niveau de formations clinique et universitaire des nouveaux arrivants qui reste difficile à évaluer.
Formations inégales
En vertu de la libre circulation des personnes, la Suisse reconnaît les diplômes médicaux des ressortissants des Etats membre de l’UE et de l’AELE, mais également des diplômes décernés par les pays hors du vieux continent, mais reconnus par un Etat membre.
Le problème vient du fait que leur formation, particulièrement en milieu hospitalier, reste difficile à juger.
Les cantons qui s’étaient opposés à la levée du moratoire, n’ont aucun moyen de réguler la population médicale et se voient obligés de signer des autorisations de pratique.
Craintes des acteurs de la santé
L’organisation faîtière des caisses maladie, Santésuisse avait annoncé début juin, qu’elle aurait reçu depuis le 1er janvier 2012, 1034 requêtes de praticiens désireux d’obtenir un numéro de facturation à l’assurance maladie. Cela équivaut au triple par rapport à l’an dernier à la même période.
SantéSuisse estime que les généralistes qui représentent le quart de ces demandes, vont ouvrir leur propre cabinet.
Les craintes de la FMH, liées à la qualité des diplômes sont justifiées. Les standards varient d’un pays européen à l’autre.
Bien que les Etats membres se soient mis d’accord sur des conditions à remplir au niveau de la formation, lorsque la reconnaissance automatique est prévue, aucun moyen d’intervention n’a été mis en place.
Débat sur la réintroduction du moratoire
Alors qu’Alain Berset déclarait récemment : « la question du moratoire va être au cœur des débats politiques ces prochains mois. »
Un grand nombre d’intervenants s’accordent sur la nécessité de mieux réguler la démographie médicale.
Car ce que déplore la plupart c’est d’avoir aboli cette clause sans alternative, en laissant les cantons sans moyen de réguler l’offre médicale.
Le Parti Démocrate-chrétien ne serait apparemment pas contre la réintroduction du moratoire, mais il réclame en urgence la possibilité aux cantons de contrôler l’admission des médecins spécialistes.
Chez Guy Parmelin (UDC/VD) : «(…) Le Managed Care était un paquet équilibré, j’attends maintenant de ceux qui font des propositions qu’ils fassent aussi des concessions.» Le démocrate du centre, n’est pas favorable à un rétablissement pur et simple du moratoire, qui «ne résout rien».
Du coté du PS et des assureurs, Santésuisse serait prête à discuter sur la possibilité de réguler la démographie médicale, sans pour autant appuyer la possibilité du moratoire.
Quelles solutions ?
Pour le FMH un moratoire demeure trop rigide, toutefois la Fédération devrait réfléchir prochainement à la manière de gérer au mieux la démographie médicale en fonction des besoins.
En effet, la répartition est inégale d’une région à l’autre, « il faudrait que les cantons puissent agir en fonction de leurs situations spécifiques » explique Jacques de Haller le président du FMH.
Bien qu’ouvert à la discussion, ce dernier rappelle que le FMH ne transigera pas sur trois points : « le secret médical, le libre choix du médecin et la liberté thérapeutique pour le médecin et le patient de choisir le traitement approprié ».
Certains médecins insistent sur la nécessité de mettre en avant des critères d’acception des praticiens en fonction de leur formation. Mais l’évaluation des formations cliniques et universitaires à l’étranger reste parfois difficile.
C’est pourquoi la Fédération propose de mettre en place une période d’introduction pour les médecins arrivant en Suisse, afin de leur permettre de mettre leurs connaissances à jour, de découvrir le système de santé suisse et de perfectionner leurs connaissances linguistiques.
L’Association des médecins du canton de Genève (AMG) rappelle que « S’il est facile de donner l’illusion de pratiquer une médecine peu coûteuse, les soins ne sont efficaces et économiques que s’ils sont prodigués par des médecins parfaitement préparés. La préoccupation des coûts ne doit jamais faire oublier la qualité des soins. »