Depuis une dizaine d’années, les espaces de coworking se multiplient. Se regrouper pour mieux travailler nous vient des temps anciens. Le coworking tel qu’il est proposé aujourd’hui est relativement récent. Dans cet article, nous évoquerons les avantages des lieux de travail partagés et les raisons de leur succès.
Leur multiplication est portée par leur côté pratique ? Viennent-ils adresser des lacunes du télétravail ? Leur succès reflète un changement plus profond, un changement sociétal ?
Sommaire :
- Les acteurs du coworking
- Le changement des entreprises
- Des villes qui changent
- Moins de temps de déplacement… plus de temps de travail !
- La frontière travail – loisir
- Le besoin de socialiser
- L’évolution du monde du travail
- Atténuer les risques du télétravail
- Les contraintes réglementaires transfrontalières
- Les contraintes qui pèsent sur les employeurs
- Les avantages des espaces de coworking
- Notre dossier : Télétravail suisse
Les acteurs du coworking
L’un des pionniers du coworking (lieu de travail partagé) reste le géant WeWork, fondé en 2010. En 2022, il compte 756 espaces de coworking répartis dans 38 pays. La société multinationale IWG (International Workplace Group) regroupe des marques connues comme Regus+Spaces ou encore Signature. Bien implantée en Suisse, IWG propose des services de coworking à l’international.
Des acteurs de plus en plus nombreux proposent des offres de location d’espace de travail. Les offres sont de plus en plus diversifiées. On y trouve aussi des associations locales, des centres de réinsertion et même une banque privée dans la très select station de ski de Verbier dans les alpes vaudoises.
Le changement des entreprises
La crise sanitaire a poussé les entreprises à drastiquement changer leur mode de fonctionnement. Si plusieurs professions ne peuvent être exercées à distance, beaucoup de travailleurs ont pu rester chez eux durant la pandémie de COVID-19.
Or, même si la pandémie a aujourd’hui perdu de son ampleur, la façon de travailler semble avoir évolué de manière durable. Les chiffres du télétravail ont nettement augmenté dans la plupart des pays européens et se sont maintenus en 2022. En Suisse, 40% des actifs télétravaillaient en 2021 selon l’Office fédéral de la statistique.
Des villes qui changent
Avec le télétravail, des travailleurs ne se déplacent plus quotidiennement sur leur lieu de travail. Ils désertent les centres-villes. Réduire les déplacements des pendulaires est une bonne chose pour l’environnement, puisque le transport est responsable d’une partie des émissions à effet de serre.
Néanmoins, cela a un impact sur l’activité économique de ces villes. Avec les travailleurs qui restent de plus en plus chez eux, ce sont les commerces et la restauration qui en pâtissent forcément. Les espaces de bureaux se libèrent, les espaces urbains se partagent moins, les villes changent.
Des visiteurs de San Francisco témoignent de leur étonnement face aux excès des changements en cours. Les trottoirs de la ville sont désertés par la population active, y restent les sans domicile fixe.
Moins de temps de déplacement… plus de temps de travail !
Le télétravailleur perd moins de temps dans les transports. Théoriquement, cela devrait permettre de disposer de davantage de temps pour ses loisirs et de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale.
Dans les faits, la pratique du télétravail à la maison montre qu’il est souvent plus difficile de finir sa journée de travail en respectant les horaires. Il peut être tentant d’allonger sa journée de travail : un dernier email, une dernière validation de document partagé… et la journée s’allonge.
La frontière travail – loisir
L’impression qu’une journée de télétravail ne finit jamais est largement partagée par les télétravailleurs.
Pour se préserver, une forte discipline pour respecter les heures de fin de travail s’impose. L’expérience prouve que ce n’est pas facile. Devoir se déplacer dans un espace de coworking peut faciliter la séparation entre la vie professionnelle et la vie familiale. La location d’un espace de travail près de chez soi aurait un double effet positif : réduire les désagréments du transport et contribuer à maintenir une saine distance entre travail et loisir.
Bien que les espaces de coworking soient souvent aménagés comme des salons pour que l’on se sente “comme à la maison”, ils restent composés d’espaces partagés et de bureaux distincts et distants de la maison. Quand en fin d’après midi, les autres participants commencent à regagner leur domicile, cela peut inciter à organiser la fin de sa journée de travail.
À cette impression que le travail n’a pas de fin, s’ajoute la sensation d’isolement. Les réunions vidéos, les messageries instantanées ne compensent pas les échanges près de la machine à café de “l’ancien monde”.
Le besoin de socialiser
Télétravailler à domicile peut s’avérer compliqué sur le long terme. Lors de la pandémie, beaucoup s’étaient plaint de la sensation d’isolement à travailler chez soi. Avec la multiplication du nombre d’indépendants, ce sentiment de solitude, d’isolement se s’amplifie. Les entrepreneurs individuels en télétravail peuvent donc ressentir un fort besoin de socialiser.
Trouver un sentiment d’appartenance et de communauté tout en conservant les avantages du télétravail semble contribuer à l’essor de ces espaces de travail partagés.
Au delà d’atténuer les difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre du télétravail, ces lieux peuvent contribuer à améliorer la productivité du travail. Rester concentré, ne pas céder aux distractions présentes dans son domicile est plus facile quand on est entouré de femmes et d’hommes qui font la même chose que nous. Le mimétisme social joue à plein. Le coworking répondrait ainsi à un besoin social et à un besoin d’efficacité.
L’évolution du monde du travail
Les changements du monde du travail ne se limitent pas qu’au télétravail et à ces côtés pratiques. Des changements de fond ont des effets sur les lieux que l’on choisit pour travailler.
Le nombre de travailleurs indépendants et d’auto-entrepreneurs est en constante augmentation. Ils ne disposent pas tous d’un bureau dédié. Ils ne travaillent pas tous dans les locaux de leurs clients.
Les entreprises ont orienté leur mode de fonctionnement vers plus de flexibilité. Les mentalités changent elles aussi. Les nouveaux travailleurs souhaitent de plus en plus d’autonomie et de flexibilité dans l’organisation de leur temps de travail et dans les lieux où ils exercent leur activité professionnelle.
Atténuer les risques du télétravail
Plus globalement, les nouvelles technologies et l’automatisation s’appliquent à des professions de plus en plus nombreuses. Elles contribuent au développement du secteur tertiaire qui est le plus disposé à télétravailler et donc à utiliser les espaces de Coworking.
La mondialisation joue également un rôle dans la généralisation du télétravail. Au delà de la tendance aux délocalisations “l’offshore” et “nearshore”, de plus en plus d’entreprises emploient des compétences individuelles à l’étranger. Sans locaux à proximité des lieux de résidence de ces nouveaux employés, la solution “Coworking” s’impose.
Néanmoins, il convient toujours de rappeler qu’un poste en télétravail peut être un poste en risque de délocalisation. Dans ce cas, le Coworking donne des opportunités de développer son réseau, de rencontrer des participants qui exercent une activité dans d’autres secteur, de développer son “personal branding”, bref, de s’ouvrir de nouvelles opportunités. Enfermé dans un bureau ou à la maison, c’est moins facile !
Les contraintes réglementaires transfrontalières
Les espaces de coworking sont aussi une bonne alternative pour les frontaliers, qui sont soumis à des limites réglementaires.
Différentes réglementations limitent le nombre de jours de télétravail dans le pays de résidence du frontalier. Certaines sont européennes, d’autres s’appliquent différemment pour les frontaliers français, italiens ou allemands.
Venir travailler dans un espace de coworking en Suisse proche de la frontière sans pour autant aller jusqu’au siège de leur entreprise permet de limiter la durée quotidienne de leur transport.
Un modèle de télétravail hybride qui conjugue le télétravail à la maison et le télétravail en Coworking permet de respecter les contraintes réglementaires transfrontalières tout en préservant la qualité de vie.
Certains espaces de coworking proposent également une domiciliation pour les entrepreneurs individuels ou les indépendants qui ont besoin d’une adresse suisse pour déclarer et exercer leur activité.
Enfin, si vous êtes frontalier et que vous souhaitez calculer le nombre de jours qu’il vous est possible de télétravailler en Suisse, nous vous conseillons ce calculateur du nombre de jours de télétravail frontalier.
Les contraintes qui pèsent sur les employeurs
Les changements mentionnés plus tôt poussent également les employeurs à modifier leur façon de gérer leurs locaux.
Avec l’expansion du télétravail et la délocalisation de certains services, les bureaux deviennent souvent trop imposants pour le nombre de travailleurs qui les occupent. À Genève, l’immense immeuble qu’occupait BNP Paribas a été vendu au groupe J.Safra Sarasin. La banque lui loue maintenant ses surfaces de bureau.
Ce loueur contrôle également les activités de IWG, plus tôt mentionné pour son importance dans le secteur du coworking avec ses nombreux espaces de coworking Regus+Spaces répartis dans plusieurs pays.
Également, la crise énergétique amène les entreprises à considérer la surface des locaux qu’il faut chauffer et éclairer et qui coûtent donc cher. Donner la possibilité de choisir le télétravail permet donc à la fois de réduire les dépenses en locaux et de contenter ses employés. Les employés peuvent alors choisir le télétravail à la maison, en Coworking ou sur un mode hybride qui conjugue les deux. Si l’employé souhaite utiliser un espace de Coworking, l’entreprise peut alors décider de contribuer à la dépense.
Notons que dans cette configuration, le contrat de Coworking est à signer par l’employé. Signer un bail au nom de l’entreprise c’est, pour elle, créer un “établissement stable” dans les locaux de Coworking. Un tel contrat aurait des implications déclaratives fiscales et sociales plus complexes pour l’entreprise et pour l’employé.
Les avantages des espaces de coworking
Ainsi, les espaces de coworking ont plusieurs avantages qu’il est difficile de nier et qui expliquent grandement leur expansion ces dernières années.
Le télétravail a pour inconvénient l’isolement et la difficulté de trouver un espace chez soi où il est possible de se concentrer, de participer à des réunions sans être dérangé. L’espace de coworking permet à la fois de disposer d’un environnement de travail calme et de bénéficier de la dynamique apportée par les autres participants.
En soi, il répond à des besoins liés aux changements sociétaux de ces dernières années. La pandémie, les délocalisations à l’étranger, l’individualisation des parcours professionnels, la crise énergétique sont autant de bouleversements qui modifient nos façons de travailler.
De plus, les travailleurs frontaliers doivent faire avec des contraintes réglementaires. Ces espaces leur permettent de travailler dans le pays de leur lieu de travail sans pour autant devoir faire la totalité du trajet jusqu’au siège de leur entreprise. C’est particulièrement avantageux en cas de grandes distances à parcourir.
Enfin, ces espaces de coworking sont également une bonne alternative pour les employeurs qui évitent ainsi de dépenser pour des locaux qui ne sont pas occupés. Autant d’éléments qui laissent penser que ces espaces ont un bel avenir devant eux.
C’est légal. Il y a aussi possibilités de louer à la journée un espace de coworking. Gardez les factures et faites vous en rembourser une partie par votre employeur.
C’est la solution la plus légale. ( je risque d’avoir le même souci après juin 2022. )
Seulement si vous vous déclarer résidente en Suisse.
Cela implique de « quitter » la France à tous les niveaux.
Sujet Intéressant.
Je me demande en quoi louer un espace de coworking (donc ‹ box › professionnel) permet d’augmenter ce montant de télétravail, si vous n’y êtes pas physiquement, cela revient à faire une fausse déclaration, non ? Dans ce cas, pourquoi ne pas rien dire et continuer le télétravail comme actuellement ?
Je pensais que la seule solution était de louer un espace de vie personnel (e.g. un studio, ou même un placard à balai) et à se déclarer en frontalier avec retour au domicile le week-end uniquement (donc en conservant le status frontalier et le permis G).
Excusez si mes remarques paraissent stupides. Je suis vraiment ignorant sur ce sujet !
J’imagine que louer un espace de coworking est d’y aller quand l’entreprise veut que vous télétravailliez et pour éventuellement réduire le temps de trajet
Je n’ai jamais dit de ne pas y être physiquement!!!
Il FAUT y être physiquement!
Super, un grand merci pour votre aide!
Bonjour!
Je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre
Les emplois auxquels je souhaite postuler se situent assez loin (plus de 1H30 de route), et c’est pour cette raison que de travailler dans un espace coworking à la frontière serait beaucoup plus arrangeant pour moi…
C’est simplement une idée pour l’instant, mais je n’avais pas forcément trouvé d’informations à ce sujet.
Belle journée !
Au temps pour moi.
J’avais mal interprété l’intention (et l’intérêt) de cet espace de coworking.
En effet si le but est de réduire le temps de trajet, c’est tout à fait possible et intéressant.
Egalement, avec un peu de chance (ou plutôt, peu d’espoir…), le projet de loi visant à augmenter le pourcentage de télétravail des fontaliers va avancer d’ici fin juin.