Selon l’enquête publiée par l’Office Fédérale des Statistiques (OFS) le 20 juin dernier, la Suisse compte près de 275’000 postes de travail à bas salaire, c’est-à-dire rémunérés à moins de 3’986 francs bruts par mois, pour un emploi à plein temps (soit 40 heures par semaine).
En Suisse, plus de la moitié des travailleurs ne bénéficient pas d’un salaire minimum protégé par une Convention Collective de Travail (CCT).
Près de 400’000 personnes employées à plein-temps gagnent trop peu pour pouvoir vivre décemment avec leur famille, explique Paul Rechsteiner, président de l’Union Syndicale Suisse.
Mais qui occupe ces postes de travail à bas salaire ? Il semblerait que de nettes catégories se dégagent : les femmes sont par exemple davantage touchées par ce phénomène ainsi que les personnes de nationalités étrangères, (les frontaliers n’y faisant pas exception).
Certains secteurs d’activité montrent également une nette tendance. D’autres facteurs comme le niveau de formation ou la répartition de ces postes par région influence clairement ce fait.
Les bas salaires en Suisse
Le salaire mensuel brut moyen en Suisse (médiane), tout âge, domaine et niveau d’éducation confondu, était de 5’979 CHF en 2010. Cela signifie que la moitié de tous les employés en Suisse gagnent plus de 5’979 CHF par mois.
Selon le nouveau rapport de l’OFS du 20 juin dernier, les bas salaires représentent plus de 10% de la totalité des postes offerts par les entreprises en Suisse.
Ces salariés les moins bien rémunérés ont tous gagné mensuellement moins de 3’848 CHF alors les 10% les mieux payés ont tous reçu des salaires supérieurs à 10’538 CHF, représentant un écart non négligeable.
Il existe plusieurs façons de mesurer un bas salaire, c’est pourquoi il faut tout d’abord comprendre ce qu’on entend par ce terme. Ces derniers correspondent aux rémunérations observées au bas de l’échelle salaire.
On considère alors un bas salaire, lorsque la rémunération calculée sur la base d’un équivalent à plein temps de 40 heures par semaine est inférieure au deux tiers du salaire brut médian, précise l’OFS.
Secteurs impactés : commerce, restauration, hébergement…
Parmi les 10,5 % de ces postes décrétés à bas salaire par l’OFS, près de la moitié se concentre dans quatre principales branches économiques.
À savoir les secteurs du Commerce de détail, de la Restauration, de l’hébergement ainsi que des services relatifs aux bâtiments et à l’aménagement paysagers.
Les femmes et les étrangers plus touchés
Les femmes sont clairement davantage touchées par le phénomène, représentant une nette majorité de 68,4% des postes à bas salaire.
Alors que les personnes de nationalité étrangère n’occupent que 30% des emplois de l’économie suisse, elles occupent près de la moitié de ces postes représentant 46,8%, soit 172’700 personnes, note l’OFS.
Le taux de bas salaire est ainsi deux fois plus élevé chez les personnes salariées de nationalité étrangère.
La proportion de personnes qui occupent un emploi à bas salaire varie fortement selon le type de permis de séjour. Les frontaliers n’échappent pas à la règle, puisqu’ils représentent 13,8% des personnes touchées.
Ainsi donc les femmes étrangères au bénéfice d’un permis de courte durée ont six fois plus de chance d’être dans cette catégorie salariale que les hommes frontaliers (50,5% contre 8,2%).
Salaires plus bas en PME et pour les « jeunes actifs »
D’autres facteurs viennent également appuyer ce phénomène. On notera par exemple que les grandes régions sont nettement plus touchées.
La région de Zürich par exemple, compte 58’800 postes à bas salaire, la Région lémanique compte elle 49’900, quant à l’espace Mitteland ce sont 49’000 personnes touchées.
La taille de l’entreprise révèle également des différences assez marquées, puisque plus de la moitié des postes à bas salaires sont proposés par des petites entreprises de moins de 50 personnes.
D’autres causes comme les années d’ancienneté influence clairement le phénomène. Ainsi le nombre de personnes à bas salaire diminue en termes relatifs avec l’augmentation du nombre d’années de service.
Pour terminer on notera également que le niveau de formation agit inévitablement comme facteur explicatif. Les personnes sans formation représentent 32,4% de la masse des « bas salaires ».
Vers un salaire minimum ?
Pour l’Union Syndicale Suisse, ces données collectées par l’OFS mettent le doigt sur la problématique urgente des bas salaires. Elle rappelle également qu’une grande partie de ces emplois proviennent de secteurs sans salaire minimum fixé par une convention collective.
Les Suisses devront d’ailleurs bientôt se prononcer au niveau fédéral sur la généralisation du salaire minimum. L’USS a fait aboutir son initiative populaire qu’elle a déposée (avec plus de 111’000 signatures) en janvier de cette année.
Afin de terminer sur une note positive, nous noterons toutefois que le pouvoir d’achat a légèrement augmenté en Suisse l’an dernier. Les salaires ayant augmenté de 1% en moyenne et de 0.2% si on déduit l’inflation, a observé l’OFS.