Les annonces du 08 septembre 2021 ont fait l’effet d’une bombe. Dans sa conférence de presse quotidienne, le Conseil fédéral a annoncé l’extension des obligations du certificat COVID. Ainsi, dès le 13 septembre 2021, l’accès aux espaces intérieurs des restaurants, des bars, des musées ou encore des bibliothèques sera interdit aux personnes sans passeport COVID.
Sommaire :
- L’extension du pass sanitaire
- Un certificat sanitaire pour l’Université
- Pass COVID – un outil d’entreprise ?
- Certificat COVID – 3 méthodes, 1 stratégie
- Un continent – plusieurs dynamiques
- La soi-disante liberté du paria
- Notre Dossier : Covid, les frontaliers Suisse-France
L’extension du pass sanitaire
Ces nouvelles mesures, soudaines et inattendues, ont fait exploser les demandes de vaccinations. Les centres de tests et de vaccinations ont été pris d’assauts et il est désormais difficile de trouver un rendez-vous rapidement. Cette nouvelle vague d’inscriptions regroupe beaucoup d’indécis qui franchissent le pas à contre cœur afin de ne pas se voir exclus de la société.
Un certificat sanitaire pour l’Université
Les Universités ont emboîté le pas du Conseil fédéral sans attendre. En première ligne, l’École Polytechnique fédérale de Lausanne décide d’imposer le passeport COVID sur l’ensemble du Campus. Elle est rapidement rejointe par l’Université de Lausanne et celle de Neuchâtel. La tendance semble générale.
La semaine passée, le recteur de l’Université de Genève avait fait part de ses doutes quant à l’applicabilité d’un certificat COVID sur les campus. Les milieux académiques n’avaient donc pas anticipé une telle radicalité de la part du gouvernement. Ces nouvelles mesures sont cependant bien accueillies par les Universités qui y voient un moyen de relancer l’enseignement en présentiel.
Pass COVID – un outil d’entreprise ?
L’extension des obligations du certificat COVID est présentée par le Gouvernement comme un nouvel outil au service des milieux patronaux. Selon les termes du Conseil fédéral, une entreprise est désormais «habilitée à vérifier que son personnel dispose d’un certificat si cela permet de définir des mesures de protection appropriées ou de mettre en œuvre un plan de dépistage».
En d’autres termes, les employés d’une entreprise peuvent se retrouver dans l’obligation de devoir présenter un certificat sanitaire afin de se rendre sur leur lieu de travail.
Face à ces nouvelles mesures, les milieux professionnels sont partagés. Alors que la Fédération des entreprises romandes y est favorable, l’Union suisse des arts et métiers se montre plus sceptique. L’Union patronale suisse se joint au mouvement en considérant ces nouvelles mesures comme un moindre mal.
Pour autant, certaines entreprises s’y sont déjà mises et cela risque fortement de s’accentuer ces prochaines semaines. C’est par exemple le cas de l’entreprise genevoise Devillard qui propose également des centres de test sur le site. Certaines entreprises vont également s’orienter vers cette nouvelle solution afin de ne plus obliger le masque au sein de l’espace de travail. Nestlé en examine actuellement la possibilité.
Certificat COVID – 3 méthodes, 1 stratégie
Le passeport sanitaire peut s’obtenir selon trois méthodes :
- La vaccination
- La guérison
- Les tests négatifs
La vaccination est de loin la méthode la plus encouragée. Elle est gratuite et promue intensément par les autorités publiques. Elle permet d’avoir un pass COVID valide une année. Toutes les tranches de la population sont maintenant invitées à se vacciner. Désormais, même les femmes enceintes de plus de 12 semaines sont incitées à se vacciner. Notons que les vaccins qui permettent d’obtenir un passeport COVID sont le Pfizer, le Moderna et le Johnson & Johnson. Les autres vaccins ne sont donc pas considérés valide en Suisse et ne donnent donc pas accès au précieux sésame.
La certification par guérison nécessite une preuve écrite. Il faut donc avoir en sa possession le résultat officiel d’un test PCR qui indique que l’on a contracté le virus par le passé. La validité du certificat est alors de 180 jours. Attention, les tests sérologiques qui attestent la présence d’anticorps ne permettent pas d’avoir accès au passeport COVID.
Les tests antigéniques et PCR négatifs donnent également accès au certificat sanitaire mais pour respectivement 48 heures et 72 heures. Le temps de validité par de telles méthodes est donc très court. De plus, dès octobre, ces tests ne seront plus pris en charge par la Confédération. Difficile pour l’heure d’évaluer leurs prix mais l’OFSP les estime à 50 CHF pour un test rapide et 150 CHF pour un test PCR. Des prix qui deviennent exorbitants si l’on doit se tester chaque 2 ou 3 jours. Cela s’inscrit en droite ligne de l’arrêt des remboursements des kits d’autotests.
On comprend bien que la stratégie nationale est entièrement axée sur la vaccination. L’objectif est de créer des incitations fortes, voire très fortes, envers la vaccination sans pour autant éliminer complètement les alternatives.
Un continent – plusieurs dynamiques
Si le virus ne connaît pas de frontière, il n’en reste pas moins que les dynamiques entre pays européens varient considérablement.
La stratégie helvétique du choc a consisté à imposer rapidement le pass sanitaire. Comme on pouvait s’y attendre, de fortes manifestations ont éclaté à Berne. Selon les sources de la RTS, certains opposants au pass sanitaire ont tenté de prendre d’assaut le Palais fédéral et ont dû être dispersés au canon à eau. De telles violences entre police et contestataires sont plutôt rares en Suisse.
Et le durcissement des conditions ne semble pas ralentir. Ainsi, dès le lundi 20 septembre, les personnes non vaccinées qui souhaitent venir en Suisse devront présenter un test négatif pour pouvoir passer la frontière. Cette nouvelle règle est stricte et s’impose à tous – le pays de provenance n’est pas pris en compte.
En Italie, le renforcement du pass poursuit une pente plus raide encore. Dès le 15 octobre, le certificat sanitaire sera imposé sur tous les lieux de travail. L’objectif est clair : rendre la vaccination inévitable.
La France prévoit au contraire de lever l’utilisation du pass sanitaire dans certaines zones.
La soi-disante liberté du paria
Pour justifier l’extension des obligations du certificat COVID, Alain Berset déclare sur la RTS que « ce certificat est une solution pour retrouver nos libertés». Et de l’Office fédérale de la santé publique (OFSP) de rappeler que : “Juridiquement, une obligation générale pour la population de se faire vacciner est exclue. Une information transparente et compréhensible doit permettre à chaque personne de prendre librement sa décision”.
Face aux incitations massives à la vaccination, le Conseil fédéral devrait avoir le courage de dire ce que tout le monde sait déjà : la vaccination est désormais quasi-obligatoire en Suisse. Le double discours des autorités peut être crispant pour ceux qui ne sont pas convaincus par la solution vaccinale. Dans les faits, rares sont ceux qui pourront supporter les coûts d’un test PCR à 150 CHF tous les 3 jours. Il ne s’agit donc pas d’un choix entre plusieurs alternatives sanitaires. Il s’agit d’un choix entre l’inclusion et l’exclusion sociale – et personne ne souhaite devenir un paria.
En France, la mise en place du pass sanitaire a abouti à une lente montée des tensions. En Suisse au contraire, c’est la stratégie du choc. L’extension des obligations s’est faite rapidement et de manière inattendue. Il faut dire que le 28 novembre, le peuple suisse devra voter sur la loi Covid-19 et le certificat sanitaire. On sent bien que l’État a dû agir vite pour suivre sa ligne stratégique et anticiper l’hiver prochain.