Séduits par un pouvoir d’achat plus important, des milliers de Suisses avaient choisi de s’installer en France. Pourtant, aujourd’hui, ils repassent en masse la frontière, entre amertume et désillusion…
L’Eldorado français
Les frontaliers genevois sont nombreux à avoir choisi la France voisine pour s’établir. Attirés par des prix de l’immobilier inférieurs à ceux du marché helvétique, plusieurs centaines de familles ont ainsi acquis des biens qui leur étaient inaccessibles en Suisse.
Pour le seul canton de Genève, et selon les chiffres officiels, 20’000 Suisses seraient actuellement installés entre Ain et Haute-Savoie. Mais depuis 2012, les désillusions se multiplient, et de plus en plus d’expatriés regagnent le pays.
En 2014, plus de 2’540 Suisses sont revenus à Genève : une hausse de plus de 50 % en deux ans, et pour la première fois, ils sont plus nombreux à rentrer en territoire helvétique qu’à en partir… En 2012, l’Office fédéral de la statistique enregistrait 1’000 retours seulement, et 1’500 en 2013.
Des situations financières précaires
Première cause de ce revirement de situation : une situation financière qui se dégrade. Les témoignages font part d’une baisse très nette du pouvoir d’achat des suisses frontaliers : les changements d’imposition à la source, les frais de carburants, la cotisation à 8% de la CMU. Pour ces frontaliers déjà en situation précaire, et qui avaient cherché une embélie en France, c’en est trop.
Dans les causes de ce revirement, sont aussi citées des raisons plus ou moins objectives : le temps passé dans les embouteillages, les difficultés pour se faire soigner dans les hôpitaux français (?), les nombreuses démarches administratives obscures et coûteuses en terme de temps et… les innombrables grèves qui paralysent la fonction publique. Ce serait comme si un ressenti général, qui pourrait avoir eu raison du « rêve français »… Est-ce bien là que se situe la cause du retour ?
De moins en moins d’avantages pour les Genevois frontaliers
Côté français, plusieurs maires avancent d’autres hypothèses pour tenter d’expliquer ce nouveau phénomène. Il deviendrait plus difficile pour les Genevois installés en France d’inscrire leurs enfants dans les écoles du canton.
En effet, des Genevois installés en France voisine préfèrent que leurs enfants suivent leur scolarité côté Suisse. Or, les institutions scolaires du canton ont, un temps, envisagé d’accepter un nombre limité d’élèves transfrontaliers.
De plus, les attaques contre les salaires des frontaliers à la suite de la remontée du franc et la préférence à la résidence Suisse pour des postes de responsabilité dans les banques poussent les salariés suisses à revenir s’installer à Genève…
Des adresses fictives en France ?
La comptabilisation de ces retours ne prendra pas en compte les Genevois avec une résidence secondaire fictive en France voisine. Il s’agit de suisses qui habitent à demeure dans leur résidence « secondaire » française.
En conservant une adresse principale à Genève, ils sont considérés comme résidents suisses. Ils ont ainsi évité les derniers changements qui pénalisent les frontaliers. Il y aurait, selon une estimation officielle, plus de 20’000 Genevois établis en France, mais non déclarés.
Plusieurs élus de l’Ain et de la Haute-Savoie se sont lancés à la chasse à la régularisation. Comptabilisés comme domiciliés à Genève, ils y resteront. Certains mettent en vente leur résidence « secondaire » en France ou la louent.
Des adresses fictives à Genève ?
Le nombre de ces retours comptabilisés est sans doute amplifié par les aller-retour entre la France et la Suisse afin de redevenir un « nouveau frontalier », et ainsi pouvoir choisir l’assurance-maladie suisse … et éviter la cotisation à 8% du salaire pour l’assurance maladie.
Ils passent la frontière « virtuellement », en mettant leur résidence principale en Suisse … et c’est vrai qu’il n’y jamais eu autant de plaques GE & VD faire la queue le matin et le soir aux douanes
Autre constatation, à la douane du CERN, coté Français il y a presque autant de voiture stationnées en plaques 01 que GE …