57% des votants Genevois ont refusé ce dimanche le projet des 50 rues piétonnes. Projet jugé bancal et onéreux par ses opposants.
La congestion du trafic à Genève impose de l’ambition. Le CEVA va dans le bon sens.
Un péage urbain comme celui de Stockholm serait il applicable à Genève ?
D’autres solutions existent ?
Le projet des 50 rue piétonnes
Le projet, proposé par le comité unitaire regroupant l’alternative (soit la gauche genevoise) les Vert’Libéraux et le PDC, ainsi que quelques associations pour la mobilité douce et l’écologie, promettait d’assurer une meilleure qualité de vie pour les habitants et encourager la mobilité douce.
En mars 2012, le Groupement Transports et Economie avait lancé un référendum, soutenu par certains commerçants, les milieux économiques, le canton, les TPG, ainsi que l’UDC, le MCG et le PLR, contre la “piétonisation” des rues. Ce référendum venait contrer le premier volet d’une initiative municipale que les Verts avaient fait aboutir fin 2008.
Un net rejet
Le thème du parking a dominé le débat et serait une des raisons du rejet. Les rues piétonnes allaient engendrer des suppressions de 900 places de parc pour voitures et 540 de deux-roues. 80% des places perdues devaient être compensées.
Il était également reproché au projet d’être cher, avec plus de 5 millions pour un projet test d’un an, alors que la Ville annonce un déficit de 23 millions de francs au budget 2013.
Le manque de cohérence globale aurait aussi été fatal au projet … certaines des rues visées étaient déjà fermées au trafic.
Des alternatives ?
L’objectif du Conseil administratif et du Conseil municipal c’est de réduire le volume du trafic motorisé.
Un projet de blocage de rues mieux articulé et mieux présenté aurait pu trouver meilleur écho. Restent des alternatives de nos voisins européens, qui pourraient être prises comme modèle.
A titre d’exemple, le péage urbain introduit à Stockholm est maintenant un franc succès auprès de la population. Il a été présenté le 13 septembre à l’EPFL de Lausanne dans le cadre de la journée TEDxHelvetia “Imagining our future”.
Stockholm : avant-gardiste ?
La taxe sur la congestion introduite à l’essai en 2006, avait au départ été très critiquée. Les automobilistes avaient le sentiment que la taxe impacterait leur pouvoir d’achat. Le péage avait des opposants dans les milieux politiques et économiques (notamment les livreurs contraints à des créneaux horaires stricts pour les livraisons).
Mais cette mesure entrée en vigueur de manière définitive en août 2007 a décongestionné le trafic. Elle obtient aujourd’hui un large soutien auprès de la population. Le coût engendré pour accéder en ville (de 1 à 3 francs et qui devrait encore augmenter prochainement), a poussé les automobilistes à adopter de nouveaux réflexes, comme garer sa voiture à l’entrée du péage pour continuer avec les transports en commun.
Le péage n’est toutefois pas toujours payant, il demeure gratuit en dehors des horaires de forte affluence, au mois de juillet, le week-end et certains jours fériés. Certains véhicules sont exemptés de la taxe, dont 11% de véhicules dits « verts », roulant au biogaz ou au bioéthanol.
Des résultats incontestables
Les chiffres sont là : 20% de diminution du nombre de passager traversant Stockholm, depuis l’instauration de la zone péage, passant de 106 millions d’automobilistes en 2005 à 81 millions en 2011.
La conséquence sur la qualité de l’air à Stockholm, c’est une réduction des émissions de CO2 de 9 à 14% entre 2007 et 2009. Aujourd’hui ce sont 67% des habitants du Grand Stockholm qui se disent favorables à la taxe contre 30% avant sa mise en place.
Peut on appliquer cette mesure à Genève? La proposition avait déjà été abordée en 2008. Elle a été remise de temps à autre sur la table. Dans l’attente du prochain débat sur le sujet, il y a d’autres alternatives qui encourageraient la décongestion du trafic.
Des solutions “chères”
En juin dernier le TCS a fait 25 propositions pour la mobilité (étude plan directeur cantonal 2030).. Parmi elles figurent de nouvelles jonctions autoroutières à Versoix-Collex, à Bardonnex, à Veyrier et à Troinex, une « tangente ouest » reliant l’autoroute Lausanne-Genève à l’A40 par le Pays de Gex, ou encore une multiplication des P+R liés au CEVA.
Le plan directeur cantonal prévoit d’ici 2030, 100’000 nouveaux habitants à Genève et 100’000 en France voisine. Les TCS rappellent l’impératif d’investissements d’infrastructure de mobilité à entreprendre dans l’immédiat, pour éviter les problèmes par la suite.
Des solutions “économiques”
En période de forte contrainte budgétaire, des solutions plus économes en investissements sont aussi à mettre en première ligne : Inciter le covoiturage frontalier, Compléter des “mini” P+R, densifier des lignes de bus régionaux (comme par exemple une ligne Annecy-Nyon), Pousser à l’utilisation de véhicules électriques moins polluants et de taille plus petite, et bien évidemment le vélo qui reste assurément le moyen de transport le plus pratique et écologique.
Le rejet d’une proposition qui a été jugée “mal ficelée” prouve que pour réduire le trafic motorisé dans Genève, il faut travail, persévérance et ambition.