« L’économie mondiale redémarre progressivement, mais la reprise est fragile, extrêmement inégale selon les régions et pourrait bien être compromise par la crise de la zone euro » déclarait l’OCDE dans son rapport du 22 mai 2012.
C’est le temps des paradoxes :
Barack Obama et David Cameron, demandent à leurs collègues européens « un plan immédiat pour résoudre la crise » dans la zone euro. Ils semblent avoir oublié qu’ils sont à la tête de pays les plus lourdement endettés.
Le rapport de l’OCDE enrichi son vocabulaire, après avoir martelé l’assainissement budgétaire et les réformes structurelles il utilise maintenant des termes comme “croissance”, “soutien de l’emploi”, “réduction des inégalités”.
Contrairement à ses voisins, la Suisse confirme la résistance de son PIB avec une prévision de +1,2% de PIB en 2012 par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).
Avec un taux de chômage de 3% dans la Confédération, de 3,7% à Bâle et de 4,7% à Genève que doit-on attendre pour nos emplois ?
Une situation mondiale contrastée
L’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) a eu un constat plutôt positif le 22 mai dernier. Le PIB dans la zone de l’OCDE devrait repartir en hausse en 2013 et passer de 1,8% à 2,2%.
L’optimisme touche les Etats-Unis où la demande du secteur privé devrait doper l’activité à +2,6% en 2013 et le Japon avec une croissance du PIB de 2% en 2012 et de 1,5% en 2013.
Dans la zone euro, le PIB devrait se contracter de 0,1 % cette année, et se rétablir à +0,9 % en 2013. Cette croissance demeure faible.
« La crise dans la zone Euro reste le seul risque de baisse pour les perspectives mondiales » déclare l’Économiste en chef de l’OCDE, M. Pier Carlo Padoan.
Quant aux pays émergents : « l’activité reste soutenue mais les enjeux au niveau de l’action publique diffèrent suivant les pays ».
Manière de dire que l’immobilisme politique en Inde n’a plus la cote et que la Chine est scrutée avec attention.
La fin de l’orthodoxie jusqu’au boutiste
Dans les derniers conseils de l’OCDE, notons que le discours libéral habituel se trouve maintenant enrichi du vocabulaire des partisans d’une politique économique de relance par la demande.
« Assainissement budgétaire et mesures structurelles doivent aller de pair pour rendre le processus aussi favorable que possible à la croissance. Il est fondamental d’opérer un savant dosage entre les baisses de dépenses et les hausses de recettes. Le programme des réformes doit aussi viser spécifiquement à soutenir l’emploi, réduire les inégalités et à protéger les segments les plus vulnérables de la population. »
Ainsi, même si une amélioration de l’économie est attendue de manière générale pour l’an prochain, il demeure une réelle fragilité issue de la crise de 2008.
Cette fragilité est cristallisée sur l’endettement des Etats. Elle s’applique aussi aux certitudes sur les remèdes à appliquer. On remarque des nuances dans l’orthodoxie libérale des politiques économiques conseillées.
En Suisse …
une situation économique privilégiée
La Suisse offre de meilleures perspectives, l’OCDE annonce une croissance du PIB de 0,9% cette année, le SECO prévoit davantage.
Pour cet été, il est prévu un recul supplémentaire du chômage et une lente progression de l’inflation actuellement négative et qui redeviendrait positive en 2013.
Selon Délia Nilles de l’institut Créa, ce serait la demande intérieure, soutenue notamment par une légère hausse des salaires réels, qui permettrait à la Suisse de ne pas entrer en récession. S’ajoute la nécessité de maintenir le marché hypothécaire sous observation.
des turbulences encore amorties
L’OCDE lance une mise en garde : « si rien n’est fait aujourd’hui, la crise européenne risque de s’aggraver et de s’étendre au-delà de la zone euro, ce qui aurait des conséquences graves sur l’économie mondiale ».
Comme la Suisse n’est pas isolée des turbulences de ses voisins, si l’Union européenne tarde à se relever, la Suisse en fera forcément les frais, à commencer par ses exportations qui fléchissent déjà selon l’institut Créa Lausanne.
Pour l’instant, selon l’institut BAK Basel, le dynamisme du marché intérieur de la Confédération Helvétique a compensé la faiblesse des exportations.
un marché du travail dynamique
Sur le marché suisse du travail, le chômage a continué de diminuer au mois de mai à 3,0%, contre 3,1% en avril.
Mais, selon SECO « ce reflux est dû uniquement à des effets saisonniers » avec la reprise saisonnière dans la construction, l’hôtellerie-restauration et le travail temporaire.
des différences locales
Les différences locales en Suisse persistent. Si le chômage est de 3% dans la Confédération, il est de 3,7% à Bâle et de 4,7% à Genève.
Selon BAK Basel, c’est pour Genève le plus bas niveau depuis dix ans.
Mais l’actualité rappelle que trois des secteurs dynamiques de Genève restent très contraints :
- Pour les sièges de groupes internationaux, il y a la fermeture du site genevois de Merck Serono.
- Pour le négoce des matières premières, le départ de Trafigura à Singapour pose la question de l’effet des changements du statut fiscal des sociétés de domicile.
- Pour la banque privée, selon l’étude Global Wealth 2012 du Boston Consulting Group Suisse (BCG), on pourrait prévoir une réduction de 15 000 places de travail dans le secteur en Suisse. Elle proviendrait d’une baisse des avoirs off-shore suite aux accords fiscaux avec l’Allemagne, la Grande Bretagne et l’Autriche. Serait aussi en cause la perte de change récurrente pour les banques car leurs revenus sont principalement en dollar (USD) et leurs coûts en franc Suisse (CHF).
Dans ce contexte, c’est une Suisse innovante qui construira les places de travail de demain…